Depuis 2015, le Maroc s’est engagé dans une transition énergétique ambitieuse. À travers sa Stratégie Bas Carbone 2050 et ses contributions déterminées au niveau national (NDC), le Royaume s’est fixé comme objectif une réduction de 45,5 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Cette transition repose sur quatre piliers : le développement massif des énergies renouvelables, l’électrification des transports et de l’industrie, la durabilité des écosystèmes agricoles, et l’émergence de villes sobres et intelligentes.
Dès la COP21, le Maroc a annoncé porter à 52 % la part des énergies renouvelables dans sa capacité électrique installée d’ici 2030. Cela implique l’ajout de plus de 10 GW de nouvelles capacités solaires, éoliennes et hydrauliques. Parallèlement, une stratégie d’efficacité énergétique vise à réduire de 20 % la consommation énergétique primaire, avec des objectifs sectoriels concrets dans les transports, l’industrie et le bâtiment.
En matière de mobilité propre, le Maroc s’est doté en 2021 d’un Plan national de développement de la mobilité électrique, visant 150 000 véhicules électriques en circulation d’ici 2030. L’objectif est de faire en sorte qu’un véhicule neuf sur cinq vendu en 2026 soit électrique. Des primes à l’achat, des exonérations fiscales et des taux préférentiels de financement sont proposés pour stimuler la demande. Les modèles low-cost (moins de 150 000 MAD) sont également encouragés pour élargir l’accessibilité.
L’industrie automobile nationale accompagne cette dynamique. Les usines Stellantis à Kénitra et Renault à Tanger produisent déjà des véhicules électriques ou électrifiables. Des investissements supplémentaires sont prévus pour assembler des modèles électriques de plus grande taille à partir de 2026.
Le Maroc intègre également la mobilité électrique dans ses politiques de transport public. D’ici 2030, un parc de 7 000 nouveaux bus sera mis en service, dont environ la moitié seront électriques. Les villes de Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger renforcent leurs réseaux de tramway, bus électriques et bus à haut niveau de service.
Marrakech développe son réseau de busway avec des véhicules propres, tandis que Casablanca étend son tramway et électrifie une partie de sa flotte de bus. Ces projets s’inscrivent dans la vision plus large de « villes intelligentes », soutenue par l’État dans le cadre de sa stratégie climat.
Le Maroc vise l’installation de 2 500 points de recharge publics d’ici 2026 et jusqu’à 30 000 d’ici 2030. Des subventions couvrent jusqu’à 50 % du coût d’installation des bornes domestiques. Le réseau autoroutier principal (Tanger-Agadir) est en cours d’équipement avec des bornes tous les 25 km.
Les démarches administratives pour l’installation des bornes ont été simplifiées et la réglementation autorise leur déploiement sur voirie publique, parkings ou copropriétés. Le gouvernement soutient également l’émergence d’un réseau national de recharge rapide (DC > 150 kW) en partenariat avec des acteurs publics et privés.
L’industrie automobile marocaine ambitionne de devenir un hub régional de la mobilité électrique. En 2023, plus de 535 000 véhicules ont été produits au Maroc, générant plus de 13 milliards USD d’exportations. Le pays mise désormais sur la fabrication locale de composants clés comme les batteries et les moteurs électriques, en visant une intégration locale jusqu’à 80 %.
Des plateformes industrielles dédiées et des centres de recherche comme IRESEN ou le Green Energy Park soutiennent la production de bornes, batteries et technologies associées. Le Maroc capitalise sur ses ressources minières (phosphates, cobalt) pour développer une filière complète de batteries.
Le cadre fiscal est particulièrement favorable à l’électromobilité :
Exonération ou réduction de la taxe de circulation pour les VE.
Réduction ou suppression des droits de douane à l’importation.
TVA réduite à 10 % sur les petits véhicules dits économiques.
Subventions directes à l’achat (jusqu’à 10 000 MAD).
Aides pour l’installation de bornes à domicile.
Crédits verts avec des taux préférentiels.
Les collectivités territoriales participent aussi à l’effort en intégrant des critères environnementaux dans les appels d’offres, en soutenant les transports publics propres, ou encore en promouvant des ZFE (zones à faibles émissions).
À mi-2025, le Maroc comptait plus de 2 400 VE immatriculés au premier semestre, soit une progression de +132 % par rapport à 2024. Le parc de bornes publiques dépasse les 800 unités. Le taux de pénétration des véhicules électriques augmente rapidement et les investissements industriels dans la filière verte s’accélèrent.
D’ici 2030, le Royaume vise à réduire fortement les émissions du secteur transport, à renforcer sa souveraineté énergétique et à devenir un leader régional de la mobilité durable. La Coupe du Monde 2030, coorganisée par le Maroc, devrait constituer un catalyseur pour les grands projets d’infrastructure et de transport propre dans les villes hôtes.
Ressources consultées pour la rédaction de cet article :
Global EV Outlook 2025 – Policy Explorer (IEA)
Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable (Maroc)
Agence Marocaine pour l’Efficacité Énergétique (AMEE)
Rapports et communiqués de presse de Stellantis Maroc, Renault Group, IRESEN
Stratégie Bas Carbone 2050 du Maroc
Stratégie Nationale de Mobilité Durable
Annonces gouvernementales et discours officiels (2021–2025)